Page:Pigault-Lebrun, L’Enfant du bordel, Tomes 1 et 2, 1800.djvu/239

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Un procès qu’avoit mon père, et de l’issue duquel dépendoit la majeure partie de ses biens, nous obligea, ma mère et moi, de nous rendre à Paris pour y solliciter nos juges.

Nous fûmes forcées, vu la pénurie des espèces, de nous y rendre par une voiture publique. Nous nous emballâmes donc dans le coche, dans lequel, outre différens voyageurs dont je ne parlerai pas, il y avoit un jeune capucin d’environ vingt-deux à vingt-trois ans ; le hasard me plaça près de lui, et il me parut, au contentement que je vis briller dans ses yeux, qu’il y trouvoit quelque plaisir. De mon côté, quoique très-innocente, j’admirois sa peau blanche, ses couleurs vives, sa barbe légère et