Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V

LA BELGIQUE DE 1815 À 1830

I

À la veille de la révolution de 1830, le royaume des Pays-Bas semble bien avoir été l’État le plus prospère de l’Europe continentale, et cette prospérité se manifeste d’une manière plus éclatante encore dans sa partie belge que dans sa partie hollandaise. De l’ « amalgame » qui leur a été imposé par les Puissances, la Belgique, au point de vue économique, a sans nul doute profité beaucoup plus largement que sa voisine. Pour restaurer son commerce, la Hollande n’avait pas besoin d’un « accroissement de territoire ». Ses capitaux, sa flotte et ses colonies lui permettaient de reprendre par ses seules forces la situation d’où les circonstances l’avaient fait déchoir depuis la fin du XVIIIe siècle. Il suffisait, pour la ranimer, de lui rendre l’indépendance et la paix. On peut même se demander si l’union avec la Belgique ne lui a pas été, tout compte fait, plus nuisible qu’utile. Sans doute, elle en a retiré de précieux avantages. Le poids de sa dette, rendue commune à tout le royaume, a été allégé de moitié, en même temps que l’industrie belge suscitait l’activité de ses armateurs et fournissait à ses capitalistes des placements fructueux. Ce qu’elle gagnait d’une part ne s’est-il pas trouvé cependant trop largement compensé