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Varna, en combattant les Turcs. Ladislas avait cinq ans. Les magnats hongrois le réclamèrent à Frédéric III qui refusa de le leur livrer ; alors ils confièrent au plus vaillant d’entre eux, Jean Hunniade, le gouvernement et la défense du pays. Hunniade mourut en 1456, après avoir sauvé Belgrade, et Ladislas étant mort lui-même l’année suivante, Frédéric III s’empressa de réclamer pour sa maison la Bohême et la Hongrie. D’ailleurs, aussi avide que poltron, il ne se hasarda pas à agir et, sans tenir compte de ses prétentions, les Tchèques élurent roi Georges Podiébrad, et les Hongrois, Mathias Corvin, le fils de Hunniade (1458). Ce fils d’un héros fut un politique. Au lieu de tourner ses armes contre les Turcs, qui s’emparaient de la Serbie en 1458, subjuguaient la résistance de l’Albanie (1479) après la mort de Georges Castriot (Scanderberg, 1468), prenaient possession de la Bosnie et de l’Herzégovine et forçaient les principautés de Moldavie et de Valachie à leur payer tribut, il préféra chercher son agrandissement au détriment de ses voisins chrétiens. Le pape ayant excommunié Georges Podiébrad qui s’appuyait sur les utraquistes tchèques, et ayant prononcé sa déposition, il en profita pour l’attaquer et se faire proclamer roi de Bohême (1469) par les catholiques. Puis il se tourna contre Frédéric III qui cherchait à miner sournoisement sa puissance, marcha contre lui et l’expulsa de Vienne en 1485. Il mourut cinq ans plus tard après avoir donné à la Hongrie un éclat passager et des succès stériles. Il ne laissait pas d’héritier, et aussitôt les Habsbourg toujours aux aguets, revendiquèrent sa succession. Elle leur échappa de nouveau sans lasser leur patience. Les Hongrois reconnurent pour roi le prince polonais Vladislas, auquel les utraquistes tchèques avaient déjà donné la couronne du vivant de Mathias Corvin. Maximilien d’Autriche s’arrangea avec lui par un de ces traités matrimoniaux, dans l’art desquels sa maison excellait. Un double mariage unit Louis, fils de Vladislas, à Marie d’Autriche, petite fille de Maximilien, et Ferdinand, son petit-fils, à Anne de Hongrie. Après la mort de son père (1516), le jeune Louis II dut marcher contre Soliman II qui, ayant achevé la conquête de la Péninsule balkanique, se tournait maintenant vers la Hongrie et venait d’entrer dans Belgrade (1521). Il fut battu et tué à Mobacz en 1526. Cette défaite fut un des plus beaux triomphes de l’Autriche qu’elle mettait en possession des couronnes de Bohême et de Hongrie depuis si longtemps convoitées et que la victoire du Turc lui assurait enfin. Ferdinand se contenta du reste de succéder aux droits de son