Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/258

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ne fut d’abord guère appréciée parce que la théorie de Weber sur les actions instantanées à distance y était généralement admise. Il a fallu attendre les expériences géniales de Hertz sur les oscillations électriques ultrarapides pour qu’elle reçoive du monde savant l’assentiment unanime qu’elle méritait.

Que les ondes sonores soient de nature mécanique et que les rayons calorifiques soient identiques aux rayons lumineux, ce sont là deux idées incorporées maintenant d’une façon durable à la science. Si l’on se contente aujourd’hui d’en dire un mot dans l’enseignement de la physique, on ne doit pas oublier cependant qu’elles n’ont pas toujours été considérées comme allant de soi. La dernière de ces idées, notamment, celle de l’identité du rayonnement lumineux et du rayonnement thermique, a soulevé des controverses ardentes qui ont duré des années. Chose curieuse, le savant qui a fait le plus pour faire triompher la cause de cette identité, le physicien italien Macedonio Melloni, fut d’abord un de ses adversaires. Nous avons là un exemple très instructif pour nous montrer que la valeur scientifique d’expériences précises est indépendante de leur interprétation théorique.

Contrairement à celles dont nous venons de parler, la plupart des idées n’ont pas été formulées du premier coup sous leur forme parfaite et elles n’ont pas continué d’avoir cours sans subir des modifications qui font que leur histoire est très mouvementée. Nous les voyons souvent prendre peu à peu une forme précise. Elles deviennent alors un instrument de travail fécond, puis elles retombent dans l’oubli, à moins qu’elles ne subissent des transformations plus ou moins profondes. Il arrive, d’ailleurs, très fréquemment, qu’elles opposent une certaine résistance aux efforts qui sont faits pour les transformer, résistance d’autant plus obstinée qu’elles ont connu antérieurement plus de succès ; cette résistance va même jusqu’à entraver sérieusement le progrès scientifique. La physique nous offre des exemples suffisamment intéressants de luttes de ce genre pour que nous nous y arrêtions un peu.

Je commencerai par m’occuper des idées qui se rapportent à la nature de la chaleur.