Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/279

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Nous citerons encore le nom de Julius Robert Mayer, dont la découverte de l’équivalent mécanique de la calorie, sera bientôt centenaire. Ce savant fut, il est vrai, moins en but aux soucis d’ordre matériel que Kepler ; mais par contre, sa théorie de l’indestructibilité de la force fut complètement méconnue du monde savant. Vers le milieu du siècle dernier, on éprouvait la plus grande méfiance envers tout ce qui avait l’air de s’apparenter à la philosophie naturelle. Mayer ne se laissa pourtant pas intimider par la conjuration du silence qui était établie autour de ses travaux. Il trouvait réconfort et apaisement, non pas tant dans ce qu’il savait, que dans ce qu’il croyait. Sa persévérance fut récompensée vers la fin d’une vie remplie des luttes les plus pénibles : l’organe le plus représentatif de la science à laquelle il s’était voué, la société des naturalistes et médecins allemands dont faisait partie Hermann Helmholtz, lui apporta enfin dans sa session annuelle de 1869 le témoignage officiel de reconnaissance qui lui avait tant fait défaut.

D’après ces exemples et d’autres, très nombreux, qui leur sont analogues et que nous ne pouvons citer, nous pouvons conclure que la croyance est bien la force qui donne sa véritable efficacité à l’accumulation de faits constitutive du matériel scientifique. Mais nous pouvons aller plus loin et ajouter que déjà, dans le travail de rassemblement de ce matériel, les pressentiments intuitifs dont elle est la source sont de nature à rendre les plus grands services. Ces pressentiments sont comme un guide et un aiguillon de l’activité sensible. Pour un historien qui recherche des archives et des documents officiels ou qui étudie ceux qu’il a découverts ; pour un savant qui, dans son laboratoire élabore des dispositifs expérimentaux et qui examine par le menu les observations qu’il a faites, le travail se trouvera très simplifié et, notamment, facilitée la distinction indispensable entre l’essentiel et l’accessoire, s’il est dans une certaine disposition mentale plus ou moins clairement consciente qui l’éclairera dans l’examen et l’interprétation des résultats, après qu’elle lui aura servi de guide dans la série des opérations effectuées pour les obtenir. Le cas du mathématicien est tout à fait semblable, il lui arrivera de trouver un théorème nou-