Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raient la preuve. Ne vois-tu pas qu’en même temps qu’ils se battaient avec intrépidité sous les murs de Troie, ils exerçaient la médecine comme je viens de dire ? Ne te rappelles-tu pas que lorsque Ménélas fut blessé d’une flèche par Pandare,


Ils exprimèrent le sang de la blessure et y appliquèrent des remèdes salutaires[1],


sans lui prescrire, pas plus qu’à Eurypyle, ce qu’il devait après cela boire ou manger, ces simples remèdes étant bien suffisans pour guérir des guerriers qui, avant leurs blessures, étaient sobres et d’un tempérament sain, eussent-ils dans le moment même pris le breuvage dont nous avons parlé ? Quant à ceux qui sont sujets aux maladies et à l’intempérance, ils ne croyaient pas que la conservation de leur vie importât aux autres et à eux-mêmes, ni que la médecine dût exister pour eux et qu’il fallût les soigner, fussent-ils plus riches que n’était Midas[2].

Tu dis là des choses merveilleuses des fils d’Esculape.

Elles leur conviennent. Cependant les poètes tragiques et Pindare, qui ne sont pas de notre

  1. Iliad., IV, 218. Le vers d’Homère est ici légèrement altéré.
  2. Allusion à un vers de Tyrtée, Élég. III, v. 6.