Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/199

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semble comme des guerriers au camp, assis à des tables communes. Disons-leur aussi que l’or et l’argent divins que les dieux ont mis dans leur ame rendent pour eux inutiles l’or et l’argent des hommes ; qu’il ne leur est pas permis de souiller la possession du métal divin par l’alliage du métal mortel ; que celui qu’ils possèdent est pur, au lieu que celui qui circule parmi les hommes a été la source de bien des crimes : qu’ainsi entre tous les citoyens, ils sont les seuls à qui il n’est pas permis de manier, de toucher même l’or ou l’argent, d’habiter sous le même toit, d’en couvrir leurs vêtemens et de boire dans des coupes d’or et d’argent. De là dépend leur salut et celui de l’État. Dès qu’ils auront en propre des terres, des maisons, de l’argent, de gardiens qu’ils sont, ils deviendront économes et laboureurs ; de défenseurs de l’État, ses ennemis et ses tyrans : alors ce ne sera plus que haines et embûches réciproques : les ennemis du dedans seront plus redoutés que ceux du dehors, et l’État se trouvera à chaque instant plus près de sa ruine. Voilà les raisons qui m’ont engagé à régler ainsi le logement des guerriers et tout ce qui doit leur appartenir. Ferons-nous de ceci une loi ?

Très volontiers, dit Glaucon.