Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/215

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tromper au point de s’imaginer qu’ils sont réellement des hommes d’État, à cause des applaudissemens que leur donne la multitude.

Quoi ! tu ne les excuses pas ? Crois-tu qu’un homme ignorant dans l’art de mesurer, qui entendrait dire par une foule de personnes qu’il a quatre coudées, pourrait en douter ?

Non.

Ne t’emporte donc pas contre nos politiques ; car ce sont les gens les plus propres à nous divertir avec leurs règlemens, sur lesquels ils reviennent sans cesse, dans la persuasion qu’ils trouveront la fin des abus qui se glissent dans les conventions et dans les autres choses dont nous parlions tout à l’heure, sans se douter qu’ils coupent les têtes d’une hydre.

En effet, ils ne font pas autre chose.

En conséquence, je ne crois pas que, dans un État quelconque, bien ou mal gouverné, un véritable législateur doive se mettre en peine de lois et de règlemens semblables : dans l’un, ils sont inutiles et on n’y gagne rien ; dans l’autre, ils se présentent au premier qui les cherche, ou ils découlent naturellement des institutions déjà établies.

Que nous reste-t-il encore à faire en législation ?

Rien : mais c’est à Apollon Delphien de faire