Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/221

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lui-même, et cela parce que cette partie possède la vertu de conserver invariablement sur les choses qui sont à craindre l’opinion que le législateur en a donnée dans l’éducation. N’est-ce pas là ce que tu appelles courage ?

Je n’ai pas bien compris ce que tu viens de dire : répète-le.

Je dis que le courage conserve.

Quoi ?

L’opinion que les lois ont donnée par le moyen de l’éducation sur les choses qui sont à craindre : j’ai ajouté que le courage conserve invariablement cette opinion, parce qu’en effet il la conserve, sans jamais l’abandonner, dans la douleur, le plaisir, le désir et la crainte. Mais si tu veux, je vais expliquer ceci par une comparaison.

Je le veux bien.

Tu sais que les teinturiers, lorsqu’ils veulent teindre la laine en pourpre, choisissent d’abord parmi les laines de diverses couleurs celle qui est blanche ; ensuite ils la préparent avec beaucoup de soin, afin qu’elle prenne la couleur dans tout son éclat ; après quoi ils la teignent. Ainsi préparée, la teinture ne passe jamais, et l’étoffe, soit qu’on la lave à l’eau simple ou à la lessive, a toujours le même éclat ; au lieu que si l’on emploie des laines d’une autre couleur, ou même la blanche sans la préparer, tu sais ce qui en résulte.