Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/224

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tres expressions qui mettent comme sur la trace de cette vertu. N’est-ce pas ?

Soit.

Cette expression, maître de soi-même, n’est-elle pas ridicule ? Celui qui est maître de lui-même serait alors son propre esclave, et celui qui est esclave de lui-même serait son maître, car c’est toujours à la même personne que se rapportent toutes ces dénominations.

Assurément.

Mais voici, je pense, le vrai sens de cette expression : il y a dans l’ame de l’homme deux parties, l’une meilleure, l’autre moins bonne ; quand la partie meilleure domine la partie moins bonne, on dit de l’homme qu’il est maître de lui-même, et c’est un éloge ; mais quand par le défaut d’éducation ou par quelque mauvaise habitude, la partie moins bonne envahit et subjugue la partie meilleure, alors on dit de l’homme, en manière de reproche, qu’il est esclave de lui-même et intempérant.

Cette explication semble juste.

Considère maintenant le nouvel État, et tu y trouveras l’un de ces deux cas. Tu pourras l’appeler avec raison maître de lui-même, si partout où le meilleur commande au moins bon, on doit dire qu’il y a tempérance et empire sur soi-même.