Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/228

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Pourquoi donc ?

Depuis long-temps, mon cher, et dès le commencement, ce que nous cherchons était à nos pieds et nous ne l’apercevions pas ; nous étions aussi dignes de risée que ceux qui cherchent quelquefois ce qu’ils ont entre les mains ; au lieu de regarder à nos pieds, nous portions nos regards bien loin, aussi nous a-t-il échappé.

Comment dis-tu ?

Je dis que voilà long-temps que nous en parlons, sans comprendre nous-mêmes que nous en parlons.

Tu me fais souffrir avec ce long préambule.

Hé bien, écoute et juge toi-même. Ce que nous avons établi au commencement comme un devoir universel, lorsque nous jetions les fondemens de l’État, c’est la justice, ce me semble, ou du moins quelque chose qui lui ressemble : or, nous disions, et nous avons répété plus d’une fois, s’il t’en souvient, que chaque citoyen ne doit s’adonner qu’à un emploi dans l’État, celui pour lequel il a apporté, en naissant, le plus de disposition.

C’est ce que nous disions.

Mais nous avons entendu dire à une foule de personnes, et nous avons dit souvent nous-mêmes que la justice consiste à s’occuper de ses affaires, sans se mêler en rien de celles des autres.