Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/288

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toyens ne disent pas d’une voix unanime : ceci me touche, ceci ne me touche pas, ceci m’est étranger.

Sans doute.

Supposez que les citoyens disent également des mêmes choses : ceci me touche, ceci ne me touche pas : l’État n’ira-t-il pas le mieux du monde ?

Tout-à-fait.

L’État est alors comme un seul homme ; je m’explique : lorsque notre doigt a reçu quelque blessure, la machine entière du corps et de l’ame, dont l’unité est l’ouvrage du principe suprême de l’ame, éprouve une sensation, et tout entière et en même temps souffre du mal de l’une de ses parties ; aussi disons-nous d’un homme, qu’il a mal au doigt. Il en est de même de toute autre partie de l’homme, qu’il s’agisse de douleur ou de plaisir.

Oui, de même ; et, comme tu disais, voilà l’image d’un État bien gouverné.

Qu’il arrive à un citoyen du bien ou du mal, l’État, tel que nous le concevons, y prendra part comme s’il le ressentait lui-même ; il se réjouira ou s’affligera tout entier.

Cela doit être dans un État bien gouverné.

Il serait temps de revenir au nôtre, et de voir si tout ce que nous venons de reconnaître