Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/290

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comme avec des amis, en partie comme avec des étrangers ?

Rien n’est plus ordinaire.

Ainsi, ils pensent et disent que les intérêts des uns les touchent, et que ceux des autres ne les touchent pas.

Oui.

Et parmi les gardiens de notre État, en est-il un seul qui puisse penser ou dire de quelqu’un de ceux qui partagent ses fonctions, qu’il lui est étranger ?

Non, puisque chacun d’eux croira voir dans les autres un frère ou une sœur, un père ou une mère, un fils ou une fille, ou quelque parent dans le degré ascendant ou descendant.

Très bien. Mais réponds encore : te borneras-tu à consacrer la parenté dans les paroles ? N’exigeras-tu pas en outre la conformité des actions avec les paroles, en prescrivant envers ceux qui reçoivent le nom de père, le respect, les soins empressés et l’obéissance que la loi prescrit aux enfans envers leurs parens, et déclarant que manquer à ces devoirs, c’est mériter la haine des dieux et des hommes, puisque c’est joindre l’impiété à l’injustice ? Tous les citoyens ne feront-ils pas retentir de bonne heure aux oreilles des enfans ces maximes de conduite à l’égard de ceux qu’on leur désignera comme leurs pères ou leurs proches ?