Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/304

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que des Grecs réduisent en servitude des cités grecques ? Ne doivent-ils pas plutôt le défendre aux autres autant que possible, et exiger en principe d’épargner la race grecque, de peur de tomber dans l’esclavage des barbares ?

Oui, certes, il est du plus grand intérêt d’épargner les Grecs.

Ainsi ne doivent-ils pas eux-mêmes n’avoir aucun esclave grec, et conseiller aux autres Grecs de suivre leur exemple ?

Tout-à-fait, et par là les Grecs tourneraient davantage leurs armes contre les barbares et s’abstiendraient de se faire la guerre entre eux.

Trouves-tu bon que, vainqueurs, ils enlèvent aux ennemis morts d’autres dépouilles que leurs armes ? N’est-ce pas pour les lâches un prétexte pour ne point attaquer celui qui combat encore, comme s’ils faisaient leur devoir en restant penchés sur un cadavre, et cette avidité pour les dépouilles n’a-t-elle pas été déjà funeste à plus d’une armée ?

Oui.

N’est-ce pas encore une bassesse et une ignoble cupidité de dépouiller un mort, n’est-ce pas la marque d’un esprit faible et petit de traiter en ennemi un cadavre, après que l’adversaire s’est envolé et qu’il ne reste plus que l’instrument dont il se servait pour combattre ? Agir de la sorte, n’est-