Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/310

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presserons d’expliquer comment il est possible de réaliser ta cité. Parle donc, sans nous tenir plus long-temps en suspens.

Il est bon d’abord de vous rappeler que ce qui nous a conduits jusqu’ici, c’est la recherche de la nature de la justice et de l’injustice.

Sans doute, mais que fait cela ?

Rien. Seulement si nous découvrons quelle est la nature de la justice, exigerons-nous que l’homme juste ne se distingue en rien de la justice et lui soit parfaitement identique ? Ou bien nous suffira-t-il que l’homme juste ressemble le plus possible à la justice, et en reproduise plus de traits que le reste des hommes ?

Cela nous suffira.

Ainsi, quand nous cherchions quelle est la nature de la justice et quel serait l’homme parfaitement juste, supposé qu’il existât, et quand nous faisions la même chose pour l’injustice et l’homme injuste, nous voulions deux modèles accomplis, afin que, les contemplant tour à tour pour juger du bonheur ou du malheur qui s’offre de chaque côté, nous fussions obligés de reconnaître, par rapport à nous-mêmes, que nous serons plus ou moins heureux, selon que nous ressemblerons davantage à l’un ou à l’autre ; mais jamais notre dessein n’a été de montrer que ces modèles pourraient exister.