Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/311

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Tu dis vrai.

Crois-tu qu’un peintre en fût moins habile si, après avoir peint le plus beau modèle d’homme qu’on puisse voir et avoir donné à tous les traits leur perfection, il était incapable de prouver que la nature peut produire un homme semblable à ce modèle ?

Non, certes.

Mais nous-mêmes, qu’avons-nous fait dans cet entretien, sinon tracé le modèle d’un État parfait ?

Assurément.

Ce que nous avons dit sera-t-il moins bien dit, quand nous serions hors d’état de montrer qu’on peut former un état sur ce modèle ?

Point du tout.

Telle est donc la vérité ; mais, si pour t’obliger, tu veux que je te montre par quel moyen principalement et jusqu’à quel point un semblable État pourrait se réaliser, en revanche fais-moi une concession qui m’est nécessaire.

Laquelle ?

Est-il possible d’exécuter une chose telle qu’on la décrit ? Au contraire, et quoi qu’il puisse paraître à d’autres, n’est-il pas dans la nature des choses que l’exécution approche moins du vrai que le discours ? M’accorderas-tu cela ?

Oui.