Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/315

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Il faut, je crois, me le rappeler, car je ne comprends pas bien.

Il conviendrait à un autre de parler comme tu fais, mon cher Glaucon ; mais un homme expert en amour ne doit pas ignorer que celui qui aime ou est disposé à aimer, est touché et remué par la présence de tous ceux qui sont à la fleur de l’âge, parce que tous lui semblent dignes de ses soins et de sa tendresse. N’est-ce pas ainsi que vous faites, vous autres, à l’égard des beaux garçons ? Ne dites-vous pas du nez camus, qu’il est joli ; de l’aquilin, que c’est le nez royal ; de celui qui tient le milieu entre l’un et l’autre, qu’il est parfaitement bien proportionné ? Que les bruns ont un air martial, que les blancs sont les enfans des dieux ? Et cette expression par laquelle on compare le teint à la couleur du miel, ne crois-tu pas qu’elle a été inventée par un amant qui déguisait ainsi un défaut, et ne trouvait rien de désagréable aux pâles couleurs, quand on est à la fleur de l’âge ? En un mot, il n’est point d’occasions que vous ne saisissiez, point de prétextes que vous ne preniez, pas de formule à laquelle vous n’ayez recours pour ne pas exclure de vos hommages un seul de ceux qui sont dans leur première jeunesse.

Si c’est sur moi que tu prétends ainsi dé-