Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/317

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est utile et ne l’est pas, qu’il aime les sciences et qu’il est philosophe : de même qu’on ne dit pas d’un homme difficile à contenter en fait d’alimens, qu’il ait faim ni qu’il ait goût à manger ni que ce soit un vrai mangeur, mais que c’est un triste convive.

Et nous aurons raison.

Mais celui qui montre du goût pour toutes sortes de sciences, qui s’y livre avec ardeur et qui est insatiable d’apprendre, ne mérite-t-il pas le nom de philosophe ? Qu’en penses-tu ?

Il y aurait à ton compte des philosophes en bien grand nombre et d’un caractère bien étrange : car il me semble que tous les gens amateurs de spectacles sont comme des philosophes par le plaisir qu’ils éprouvent d’apprendre quelque chose, et il serait fort bizarre de mettre parmi les philosophes ces gens avides d’entendre, qui certainement n’assisteraient pas volontiers à une discussion et à une assemblée telle que la nôtre, mais qui, comme s’ils avaient loué leurs oreilles pour entendre tous les chœurs, courent à toutes les fêtes de Bacchus, sans en manquer une seule, ni à la ville ni à la campagne. Appellerons-nous donc philosophes tous ces hommes et ceux qui montrent de l’ardeur pour apprendre de semblables choses et ceux qui étudient les arts les plus mesquins ?