Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/351

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baum, la donne aussi. Cette conformité de deux manuscrits élève cette leçon bien au-dessus des simples conjectures, et la rend un fait tout comme l’ancienne leçon, tout comme la leçon καὶ μὴ παθεῖν ; et si ce fait n’a pas en sa faveur un aussi grand nombre de témoignages, c’est seulement pour nous un motif de l’examiner avec d’autant plus d’attention ; mais quand l’examen et la raison le confirment, il n’y a plus rien à lui demander.


Page 49. — Quoi ! la justice est un vice ! — Non, c’est une folie généreuse. — Et n’appelles-tu pas l’injustice méchanceté ! — Non, c’est prudence. Bekker, p. 45 : Ἦ τὴν δικαιοσύνην κακίαν ; οὔκ, ἀλλὰ πάνυ γενναίαν εὐήθειαν. Τὴν ἀδικίαν ἄρα κακοήθειαν καλεῖς ; Οὔκ, ἀλλ’ εὑϐουλίαν, ἔφη.

Thrasymaque définit la justice, γενναία εὐήθεια. Mais εὐήθεια veut dire à la fois bonté et sottise ; d’où il suit que son contraire est à la fois κακοήθεια, méchanceté, et εὐϐουλία, prudence, sagesse. Socrate, s’attachant au premier sens d’εὐήθεια, bonté, en conclut qu’à ce compte le contraire de la justice, l’injustice est κακοήθεια, une perversité réelle ; mais Thrasymaque, qui ne veut pas de cette conclusion, définit l’injustice par le second