Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/408

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philosophes, ne faut-il pas voir lesquels nous choisirons pour être les chefs de l’État ?

Quel est le parti le plus sage que nous ayons à prendre ?

C’est d’établir gardiens de l’État ceux qui seront reconnus capables de veiller à la garde des lois et des institutions.

Bien.

Il est facile de reconnaître si un bon gardien doit être aveugle ou avoir la vue excellente.

Assurément.

Or, quelle différence mets-tu entre les aveugles et ceux qui, privés de la connaissance des principes des choses, n’ayant dans l’ame aucun exemplaire qu’ils puissent contempler, ne pouvant tourner leurs regards sur la vérité même, comme les peintres sur leur modèle, y rapporter toute chose et s’en pénétrer le plus profondément possible, sont par conséquent incapables d’en tirer, par une imitation heureuse, les lois qui doivent fixer ce qui est honnête, juste et bon, et, après avoir établi ces lois, de veiller à leur garde et à leur conservation ?

Non, certes, il n’y a pas grande différence entre ces hommes et les aveugles.

Hé bien, les établirons-nous gardiens de l’État plutôt que ceux qui connaissent les principes des choses, et qui, de plus, ne leur sont point