Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/419

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inutilité, mais à ceux qui ne veulent pas les employer. Il n’est pas naturel en effet que le pilote prie l’équipage de se mettre sous son commandement, comme il ne l’est pas que les sages aillent attendre à la porte des riches. Celui qui a dit ce bon mot[1] s’est bien trompé. La vérité est que, riche ou pauvre, quand on est malade, il faut qu’on aille frapper à la porte du médecin ; qu’en général quiconque a besoin d’être gouverné, doit aller chercher celui qui peut le gouverner, et non que ceux dont le gouvernement peut être utile aux autres, les prient de se remettre entre leurs mains. Ton homme ne se trompera donc point en comparant les politiques qui sont aujourd’hui à la tête des affaires aux matelots dont je viens de parler ; et ceux qu’ils traitent de gens inutiles et perdus dans les astres, aux véritables pilotes.

Très bien.

Il suit de là qu’en pareil cas il est difficile que la meilleure profession soit en honneur auprès de ceux qui en ont de tout opposées. Mais une cause plus grave et plus puissante du décri de

  1. Le Scholiaste attribue ce propos à un nommé Eubule, dans un entretien avec Socrate ; Schleiermacher l’attribue à Aristippe, d’après une anecdote citée par Diogène, II, 69 ; et Schneider à Simonide, d’après un passage de la Rhétorique d’Aristote, II, 16.