Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/522

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surprenant, et n’excuses-tu pas ceux qui s’y laissent aller ?

Comment cela ?

Ils sont dans le cas d’un enfant supposé qui, élevé dans le sein d’une famille noble, opulente, au milieu du faste et des flatteurs, s’apercevrait, étant devenu grand, que ceux qui se disent ses parens ne le sont pas, sans pouvoir retrouver les véritables. Conçois-tu les sentimens qu’il aurait pour ses flatteurs et ses prétendus parens, avant qu’il eût connaissance de sa fausse position et après qu’il en serait instruit ? Ou veux-tu savoir là-dessus ma pensée ?

Je le veux bien.

Je m’imagine qu’il aurait d’abord plus de respect pour son père, sa mère, et ceux qu’il regarderait comme ses proches, que pour ses flatteurs ; qu’il aurait plus d’empressement à les secourir, s’ils en avaient besoin ; qu’il serait moins disposé à leur manquer en paroles ou en action ; en un mot, que dans les choses essentielles il leur désobéirait moins qu’à ses flatteurs, pendant tout le temps qu’il ignorerait son état.

Il y a apparence.

Mais à peine aurait-il connu la vérité, il me semble qu’aussitôt son empressement et ses attentions diminueraient à l’égard de ses parens,