Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/541

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Je m’imagine alors, dit Adimante, qu’il doit ressembler à Glaucon, du moins sous le rapport de l’ambition[1].

Oui, peut-être par cet endroit ; mais en voici d’autres par où il me semble qu’il diffère de notre ami.

Lesquels ?

Il doit être plus vain et moins cultivé par le commerce des Muses, quoiqu’il les aime assez ; il sera disposé à écouter, mais il n’aura aucun talent pour la parole. Quelquefois dur envers ses esclaves, au lieu de les mépriser, comme font ceux qui ont reçu une bonne éducation, il sera doux envers les hommes libres, et plein de déférence pour ses supérieurs. Jaloux de s’élever aux honneurs et aux dignités, il y prétendra, non par l’éloquence, ni par aucun talent du même ordre, mais par les travaux guerriers et tous ceux qui tiennent aux habitudes guerrières ; et par conséquent il sera amateur passionné de la chasse et des exercices gymniques.

Voilà au naturel les mœurs des citoyens de cet État.

Il pourra bien pendant sa jeunesse mépriser

  1. Allusion à l’ambition de Glaucon qui à peine âgé de quarante ans voulait se mêler des affaires publiques. Xénophon, Mémoires, III, 6.