Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/583

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Quand il en a fini avec ses ennemis du dehors, en s’arrangeant avec les uns, en ruinant les autres, et qu’il a mis son pouvoir à l’abri de ce côté, il a soin de susciter toujours quelques guerres, afin que le peuple ne puisse se passer d’un chef.

Cela doit être.

Afin encore qu’épuisés de contributions et appauvris, les citoyens ne songent qu’à leurs besoins de tous les jours, et deviennent moins dangereux pour lui[1].

C’est cela.

Et s’il en est qu’il soupçonne d’avoir le cœur trop haut pour plier sous ses volontés, c’est encore un excellent prétexte pour s’en défaire en les livrant à l’ennemi. Par toutes ces raisons, le tyran est donc toujours condamné à fomenter la guerre.

Oui.

Mais une pareille conduite ne peut manquer de lui attirer la haine des citoyens.

Sans doute.

Et n’arrivera-t-il pas que parmi ceux qui ont contribué à son élévation et qui ont du crédit, plusieurs s’échapperont en paroles hardies, soit entre eux, soit devant lui, et critiqueront ce

  1. Aristote dit à peu près la même chose, Politique, V, 9.