Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/604

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petite minorité y domine, formée de la partie la plus méchante et la plus furieuse ?

Cela doit être.

Que diras-tu d’une ame en cet état ? qu’elle est libre ou esclave ?

Je dis qu’elle est esclave.

Mais un État esclave et dominé par un tyran, ne fait point ce qu’il veut.

Non certainement.

Ainsi, à l’examiner à fond, une ame tyrannisée ne fera pas non plus ce qu’elle veut ; mais sans cesse et violemment agitée par la passion, elle sera pleine de trouble et de repentir.

Sans doute.

L’État où règne le tyran est-il nécessairement riche ou pauvre ?

Il est pauvre.

Une ame tyrannisée est donc aussi nécessairement toujours pauvre et jamais rassasiée ?

Oui.

N’est-ce pas encore une nécessité, que cet État et cet individu soient dans des frayeurs continuelles ?

Assurément.

Crois-tu qu’on puisse trouver plus de plaintes, plus de sanglots, plus de gémissemens et de douleurs amères dans quelque autre État ?

Non.