Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/647

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se propose-t-il pour objet d’imitation ce qui, dans la nature, est l’essence de chaque chose, ou ce qui sort des mains de l’ouvrier.

Ce qui sort des mains de l’ouvrier.

Tel qu’il est ou tel qu’il paraît ? Explique-moi encore ce point.

Que veux-tu dire ?

Ceci. Un lit n’est-il pas toujours le même lit, soit qu’on le regarde directement ou de biais ? Mais quoiqu’il soit le même en soi, ne paraît-il pas différent de lui-même ? Et j’en dis autant de toute autre chose.

Oui, l’apparence est différente, quoique l’objet soit le même.

Pense maintenant à ce que je vais dire. Quel est le but de la peinture ? Est-ce de représenter ce qui est, tel qu’il est, ou ce qui paraît, tel qu’il paraît ? Est-elle l’imitation de l’apparence ou de la réalité ?

De l’apparence.

L’art d’imiter est donc bien éloigné du vrai ; et ce qui fait qu’il exécute tant de choses, c’est qu’il ne prend qu’une petite partie de chacune ; encore ce qu’il en prend n’est-il qu’un fantôme. Le peintre, par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier, ou tout autre artisan, sans avoir aucune connaissance de leur métier ; mais cela ne l’empêchera pas, s’il est bon