Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/650

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Je le pense aussi, car il y trouverait à la fois plus d’avantage et plus de gloire.

N’exigeons donc pas d’Homère, ni des autres poètes, un compte rigoureux ; ne demandons pas à tel d’entre eux, par exemple, s’il était médecin et non pas seulement imitateur du langage des médecins ; si quelque poète ancien ou moderne a guéri, que l’on sache, quelques malades, comme Esculape, ou s’il a laissé après lui des disciples savans dans la médecine, comme ce même Esculape a fait de ses enfans. Faisons-leur grâce aussi sur les autres arts, et ne leur en parlons point. Mais quant à ces matières si importantes et si belles, dont Homère s’avise de parler, telles que la guerre, la conduite des armées, l’administration des États, l’éducation de l’homme, il est peut-être assez juste de l’interroger et de lui dire : « Cher Homère, s’il n’est pas vrai que tu sois un artiste éloigné de trois degrés de la réalité, incapable de faire autre chose à l’égard de la vertu que des fantômes, car telle est la définition que nous avons donnée de l’imitateur ; si tu es un artiste du second degré ; si tu as pu connaître quelles institutions peuvent rendre meilleurs ou pires les États et les particuliers ; dis-nous quel État te doit la réforme de son gouvernement, comme Lacédémone en est redevable à Lycurgue, et plusieurs États grands et