Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/679

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’immortalité de l’ame. Mais pour bien connaître sa véritable nature, on ne doit pas la considérer, comme nous faisons, dans l’état de dégradation où la mettent son union avec le corps et d’autres maux ; il faut la contempler attentivement des yeux de l’esprit, telle qu’elle est en elle-même, dégagée de tout ce qui lui est étranger. Alors on verra qu’elle est infiniment plus belle : on connaîtra plus distinctement la nature de la justice et de l’injustice, et des autres choses dont nous avons parlé. Tout ce que nous avons dit de l’ame est vrai par rapport à son état présent. Mais comme que ceux qui verraient Glaucus le Marin[1], auraient peine à reconnaître sa première forme, parce que les anciennes parties de son corps ont été les unes brisées, les autres usées, et totalement défigurées par les flots, et qu’il s’en est formé de nouvelles de coquillages, d’herbes marines et de cailloux ; de sorte qu’il ressemble plutôt à un monstre qu’à un homme tel qu’il était auparavant ; ainsi l’ame s’offre à nos regards défigurée par mille maux. Mais, mon cher Glaucon, voici par quel endroit il convient de la regarder.

  1. Voyez sur ce personnage fabuleux le Scholiaste, Athénée, VII, 12, et surtout la dissertation d’Hermann, De Glaucis Æschyli, Lips., 1812.