Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/689

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terrain, après avoir accompli nos peines, nous vîmes tout à coup Ardiée et un grand nombre d’autres, dont la plupart étaient des tyrans comme lui ; il y avait aussi quelques particuliers, qui, dans une condition privée, avaient été de grands scélérats. Au moment qu’ils s’attendaient à sortir, l’ouverture leur refusa le passage, et toutes les fois qu’un de ces misérables dont les crimes étaient sans remède, ou n’avaient pas été suffisamment expiés, essayait de sortir, elle se mettait à mugir. Alors des personnages hideux, au corps enflammé, qui se trouvaient là, accoururent à ces mugissemens. Ils emmenèrent d’abord de vive force un certain nombre de ces criminels ; quant à Ardiée et aux autres, ils leur lièrent les pieds, les mains, la tête, et les ayant jetés à terre, et écorchés à force de coups, ils les traînèrent hors de la route, à travers des ronces sanglantes, répétant aux ombres, à mesure qu’il en passait quelqu’une, la raison pour laquelle ils les traitaient de la sorte, et qu’ils allaient les précipiter dans le Tartare. Cette ame ajoutait que parmi les terreurs de toute espèce dont elles avaient été agitées pendant la route, aucune n’égalait celle que le mugissement ne se fît entendre, quand elles s’avanceraient pour sortir, et que c’avait été pour elles un moment de vive joie de ne pas l’avoir