Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/82

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tage de tout, parce que l’injustice ne l’effraie pas. À quoi qu’il prétende, soit en public soit en particulier, il l’emporte sur tous ses rivaux et attire tout à lui : de cette manière il s’enrichit, fait du bien à ses amis, du mal à ses ennemis, offre aux dieux des sacrifices et des présens magnifiques et sait bien mieux que le juste se rendre favorables les dieux et les hommes auxquels il veut plaire : d’où l’on peut conclure, ce semble, qu’il est aussi plus chéri des dieux. C’est ainsi, Socrate, qu’ils soutiennent que la condition de l’homme injuste est plus heureuse que celle du juste, et par rapport aux hommes et par rapport aux dieux.

Quand Glaucon eut fini de parler, je me disposais à lui faire quelque réponse ; mais son frère Adimante prit la parole : Socrate, dit-il, crois-tu la question suffisamment développée ?

Pourquoi pas ? lui dis-je.

On a oublié précisément l’essentiel.

Hé bien ! tu sais le proverbe, que le frère vienne au secours du frère. Ainsi supplée aux omissions de ton frère. Il en a dit assez cependant pour me mettre hors de combat et dans l’impuissance de défendre la justice.

Toutes tes défaites sont inutiles, reprit Adimante ; écoute aussi ce que j’ai à dire. C’est le contraire de ce que tu viens d’entendre, une apo-