Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/116

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Mélitus, et non-seulement je lui ai échappé, mais il est évident que si Anytus et Lycon ne se fussent levés pour m’accuser, il aurait été condamné à payer [36b] mille drachmes[1], comme n’ayant pas obtenu la cinquième partie des suffrages.

C’est donc la peine de mort que cet homme réclame contre moi, à la bonne heure ; et moi, de mon côté, Athéniens, à quelle peine me condamnerai-je[2] ? Je dois choisir ce qui m’est dû ; Et que m’est-il dû ? Quelle peine afflictive, ou quelle amende mérité-je, moi, qui me suis fait un principe de ne connaître aucun repos pendant toute ma vie, négligeant ce que les autres recherchent avec tant d’empressement, les richesses, le soin de ses affaires domestiques, les emplois militaires, les fonctions d’orateur et toutes les autres dignités ; moi, qui ne suis jamais

  1. Tous les suffrages contre Socrate comptèrent à Mélitus, accusateur en chef ; mais Socrate donne à entendre que dans la totalité des suffrages obtenus, Mélitus n’en avait dû qu’un tiers à son influence personnelle, et que par conséquent, si Anytus et Lycon ne lui avaient pas donné les voix de leurs partisans, Mélitus n’aurait point obtenu le cinquième des suffrages exigé par les lois.
  2. Dans tous les délits dont la peine n’était pas déterminée par la loi, l’accusateur proposait la peine, et l’accusé, jugé coupable, avait le droit d’indiquer lui-même celle à laquelle il se condamnait.