Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/287

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étant durs et solides, sont séparés par des jointures, et que les muscles lient les os avec les chairs et la peau qui les renferme et les embrasse les uns et les autres ; que, les os étant libres dans leurs emboîtures, les muscles, qui peuvent s’étendre et se retirer, font que je puis plier les jambes comme vous voyez ; et que c’est la cause pour laquelle je suis ici, assis de cette manière : ou bien encore, c’est comme si, pour expliquer la cause de notre entretien, il la cherchait dans le son de la voix, dans l’air, dans l’ouïe et dans mille autres choses semblables, sans songer à parler de la véritable cause ; savoir, que les Athéniens ayant jugé qu’il était mieux de me condamner, j’ai trouvé aussi qu’il était mieux d’être assis sur ce lit et d’attendre tranquillement la peine qu’ils m’ont imposée ; car je vous jure[1] que depuis long-temps déjà ces muscles et ces os seraient à Mégare ou en Béotie, si j’avais cru que cela fût mieux, et si je n’avais pensé qu’il était plus juste et plus beau de rester ici pour subir la peine à laquelle la patrie m’a condamné, que de m’échapper et de m’enfuir comme un esclave. Mais il est par trop ridicule de donner de ces raisons-là. Que l’on

  1. Le texte porte : par le chien (Voyez la note de l’Apologie).