Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/30

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le saint, c’est ce que tu fais en accusant ton père d’homicide.

Euthyphron.

Je t’ai dit la vérité.

Socrate.

Peut-être ; mais n’y a-t-il pas beaucoup d’autres choses que tu appelles saintes ?

Euthyphron.

Sans doute.

Socrate.

Souviens-toi donc, je te prie, que ce que je t’ai demandé, ce n’est pas que tu m’enseignasses une ou deux choses saintes parmi un grand nombre d’autres qui le sont aussi : je t’ai prié de m’exposer l’idée de la sainteté en [6e] elle-même. Car tu m’as dit toi-même, qu’il y a un seul et même caractère qui fait que les choses saintes sont saintes, comme il y en a un qui fait que l’impiété est toujours impiété : ne t’en souviens-tu pas ?

Euthyphron.

Oui, je m’en souviens.

Socrate.

Enseigne-moi donc quelle est cette idée, quel est ce caractère, afin que l’ayant toujours devant les yeux, et m’en servant comme du vrai modèle, je sois en état d’assurer, sur tout ce que je te verrai faire, à toi ou aux autres, que ce