Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/310

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souffrances, par force et à grand’peine, qu’elle est entraînée par le guide qui lui a été assigné. Quand l’âme est arrivée au rendez-vous des âmes, si elle est impure, souillée, par exemple, de meurtres injustes ou d’autres actions semblables, que des âmes semblables à la sienne peuvent seules avoir commises, toutes les autres la fuient et l’ont en horreur ; aucune ne veut être sa compagne ni sa conductrice, et elle erre dans un abandon total, jusqu’à ce que, après un certain temps, la nécessité l’entraîne dans le séjour qui lui convient. Mais celle qui a passé sa vie avec pureté et avec tempérance, a les dieux mêmes pour compagnons et pour guides, et va habiter le lieu qui lui a été réservé ; car la terre a bien des lieux différens et admirables, et elle-même n’est point telle que se la figurent ceux qui ont coutume de vous en faire des descriptions, d’après ce que j’ai entendu dire par quelqu’un.

Alors Simmias : Comment dis-tu, Socrate ? J’ai aussi entendu dire plusieurs choses de la terre, mais ce ne sont pas les mêmes que tu as adoptées : je t’entendrais volontiers là-dessus.

Pour t’en faire le récit, ô Simmias, je ne crois pas qu’on ait besoin de l’art de Glaucus[1] ; mais

  1. Avoir besoin de l’art de Glaucus, proverbe pour exprimer une chose difficile. Glaucus était, à ce qu’on croit le plus généralement, un habile ouvrier en fer.