Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/344

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
336
NOTES

Socrate admettait une révélation surnaturelle qui lui enseignait en toute occasion ce qu’il devait faire et surtout ce qu’il devait éviter. Il croyait sentir en lui quelque chose au-dessus de l’humanité qui éclairait et le dirigeait. Il ne disait pas que ce fût un être positif ; il s’arrêtait au fait dont il avait la conscience, et se servait de l’expression : τὶ δαιμόνιον, non pas un dieu tout-à-fait, mais une espèce d’intermédiaire entre les dieux et les hommes, quelque chose qui appartient à la nature des démons que la Mythologie païenne place entre le ciel et la terre. L’orthodoxie du temps ne reconnaissant pas là précisément ses dieux, avec leur histoire et leurs noms propres, accuse Socrate de substituer à la religion établie καὶνὰ δαίμονια, c’est-à-dire, une religion nouvelle, fondée sur un mysticisme démoniaque. Soit, répond Socrate à Mélitus, du moins alors ne suis je pas athée. Car enfin tu ne m’accuses pas d’admettre l’accident sans le sujet, l’adjectif sans le substantif. Si j’admets τὶ δαιμόνιον, τινὰ δαιμόνια (sous-entendez πράγματα, comme πράγματα ἱππικὰ, πράγματα ἀνθώπεια, πράγματα αὐλητικὰ, et enfin plus bas expressément πράγματα δαιμόνια), quelque chose relatif aux démons, il faut que tu m’accordes que j’admets des démons, δαίμονας. Or, les démons sont enfans des dieux ou dieux eux-mêmes ; donc j’admets des dieux. Ce passage est très clair en lui-même. Malheureusement, il a été défiguré par