Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/390

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Le génie d’Héraclite avait deviné que le mouvement est le père du monde ; que cet immense univers est un mécanisme animé et vivant ; et que la face entière de la nature change et se renouvelle sans cesse. Rien n’est, dit Héraclite, tout se fait ; ce qu’on appelle l’ordre de la nature est une révolution constante, une décomposition et une recomposition perpétuelle. Le feu est le principe élémentaire, l’instrument de ce mouvement intérieur qui crée, détruit et reproduit toutes choses. Or, si tout est dans un flux et un reflux continuel, comme le veut Héraclite, il suit que rien n’existe en soi et d’une existence substantielle ; et que toute chose, c’est-à-dire tout phénomène, n’est, c’est-à-dire encore n’apparaît que dans son rapport avec d’autres phénomènes. D’un autre côté, comme les choses extérieures et les objets de la contemplation changent sans cesse, de même le sujet qui les contemple, cette autre pièce du mécanisme universel,