Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/402

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et suppose l’intervention d’un nouvel élément. Chaque sensation limitée à elle-même, resserrée dans l’instant fugitif et rapide où elle fait son apparition, ne sort point de ses propres limites pour apercevoir la sensation qui la précède ou qui la suit ; elle ne peut saisir aucun rapport avec aucune autre sensation, et, comme elle ne se sait pas elle-même, elle sait encore moins tout le reste, et à quoi elle ressemble, et de quoi elle diffère : toute idée de relation lui est interdite. Transitoire et mobile, comment en sortirait-il l’idée de quelque chose d’égal à soi, d’identique et d’un ? Elle dont le caractère propre est l’arbitraire et la contingence, comment constituerait-elle celui de la nécessité et de l’universalité qui distingue certaines notions qui s’élèvent irrésistiblement dans l’intelligence de l’homme ? Comment aurait-elle empreint d’une obligation absolue la distinction du bien et du mal moral ? Elle, enfin, dont la destinée est de paraître et de passer, dont