Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/443

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mal d’enfant. Mais ce qu’il y a de plus admirable dans mon art, c’est qu’il peut discerner si l’âme d’un jeune homme va produire un être chimérique, ou porter un fruit véritable. J’ai d’ailleurs cela de commun avec les sages-femmes, que par moi-même je n’enfante rien, en fait de sagesse ; et quant au reproche que m’ont fait bien des gens, que je suis toujours disposé à interroger les autres, et que jamais moi-même je ne réponds à rien, parce que je ne sais jamais rien de bon à répondre, ce reproche n’est pas sans fondement. La raison en est que le dieu me fait une loi d’aider les autres à produire, et m’empêche de rien produire moi-même. De là vient que je ne puis compter pour un sage, et que je n’ai rien à montrer qui soit une production de mon âme ; au lieu que ceux qui m’approchent, fort ignorans d’abord pour la plupart, font, si le dieu les assiste, à mesure qu’ils me fréquentent, des progrès merveilleux qui les étonnent ainsi que les autres. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’ils n’ont jamais rien appris de moi ; mais ils trouvent d’eux-mêmes et en eux-mêmes toutes sortes de belles choses dont ils se mettent en possession ; et le dieu et moi, nous n’avons fait auprès d’eux qu’un service de sage-femme. La preuve de tout ceci est que plusieurs qui ignoraient ce mystère et s’attribuaient à eux-