Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/455

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ma pensée. Si tu mets six osselets vis-à-vis de quatre, nous dirons qu’ils sont un plus grand nombre, et surpassent quatre de la moitié en sus : si tu les mets vis-à-vis de douze, nous dirons qu’ils sont un plus petit nombre, et la moitié seulement de douze. Il ne serait point supportable qu’on parlât autrement. Le souffrirais-tu ?

THÉÉTÈTE.

Non, certes.

SOCRATE.

Mais quoi ! si Protagoras ou tout autre te demandait : Théétète, se peut-il faire qu’une chose devienne plus grande ou plus nombreuse autrement que par voie d’augmentation ? que répondrais-tu ?

THÉÉTÈTE.

Si je réponds, Socrate, ce que je pense [154d] en ne faisant attention qu’à la question présente, je dirai que non : mais si j’ai égard à la question précédente, pour éviter de me contredire, je dirai qu’oui.

SOCRATE.

Par Junon, voilà bien répondre, et divinement, mon cher ami. Il paraît pourtant que si tu dis qu’oui, il arrivera quelque chose d’approchant du mot d’Euripide : la langue sera à l’abri