Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/463

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que je suis quelque chose, ou ceci, ou cela, ni employer aucun autre terme qui marque un état de consistance ; et que pour s’exprimer selon la nature, on doit dire des choses qu’elles deviennent, agissent, périssent, et se métamorphosent : car représenter dans le discours quoi que ce soit comme stable, c’est s’exposer à une facile réfutation. Telle est la manière dont on doit parler des choses prises individuellement ou collectivement ; et ce sont ces collections qu’on appelle homme, pierre, animal, enfin toute classe. Prends-tu plaisir, Théétète, à cette opinion, et serait-elle de ton goût ?

THÉÉTÈTE.

Je ne sais qu’en dire, Socrate ; car je ne puis découvrir si tu parles ici selon ta pensée, ou si c’est pour me sonder.

SOCRATE.

Tu as oublié, mon cher ami, que je ne sais ni ne m’approprie rien de tout cela, et qu’à cet égard je suis stérile ; mais que je t’aide à accoucher, et que dans cette vue j’ai recours aux enchantemens, et propose à ton goût les opinions de chaque sage, jusqu’à ce que j’aie mis la tienne au jour. Lorsqu’elle sera sortie de ton sein, j’examinerai alors si elle est frivole ou solide. Prends