Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/480

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chacun est tel qu’il lui paraît, je jugeais que rien n’était mieux dit ; maintenant je suis passé tout-à-coup à un jugement contraire.

SOCRATE.

Tu es jeune, mon cher enfant, et par cette raison tu écoutes les discours avec avidité, et te rends de suite. Mais voici ce que nous répondrait Protagoras, ou quelqu’un de ses partisans : Généreux enfans ou vieillards, vous discourez assis à votre aise, et vous mettez ici les dieux de la partie, tandis que moi, dans ma conversation ou dans mes écrits, je laisse de côté s’ils existent ou n’existent pas. Vous me faites des objections bonnes sans doute auprès de la multitude, comme, par exemple, qu’il serait étrange que chaque homme n’eût aucun avantage du côté de la sagesse sur le premier animal ; mais vous ne m’opposez ni démonstration, ni preuve concluante, et n’employez contre moi que des vraisemblances. Cependant si Théodore ou tout autre géomètre argumentait de la sorte en géométrie, personne ne daignerait l’écouter. Examinez donc, Théodore et vous, si, sur des matières de cette importance, vous vous contenterez d’apparences et de vraisemblances.

THÉÉTÈTE.

C’est ce qu’assurément nous n’oserions dire ni toi, Socrate, ni nous.