Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/482

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THÉÉTÈTE.

Nous dirons, Socrate, que nous savons ce que nous en voyons et en entendons ; quant aux lettres, que nous en voyons et en savons la figure et la couleur ; quant aux sons, que nous entendons et savons ce qu’ils ont d’aigu et de grave : mais que tout ce qui s’apprend à ce sujet par les leçons des grammairiens et des interprètes, l’ouïe et la vue ne nous en donnent ni la sensation, ni la science.

SOCRATE.

Fort bien, mon cher Théétète ; il ne faut point te chicaner sur cette réponse, afin que tu prennes un peu d’assurance. Mais fais attention à une nouvelle difficulté qui s’avance, et vois comment nous la repousserons.

THÉÉTÈTE.

Quelle est-elle ?

SOCRATE.

La voici. Suppose qu’on nous demande s’il est possible que ce qu’on a su une fois et dont on conserve le souvenir, on ne le sache pas, lors même qu’on s’en souvient. Mais je fais, ce me semble, un long circuit pour te demander si quand on a appris une chose et qu’on s’en souvient, on ne la sait pas.