Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/491

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homme Socrate m’a tourné en ridicule dans ses discours, sur ce qu’un enfant, effrayé de la question qu’il lui a faite, s’il est possible que le même homme se souvienne d’une chose et en même temps n’en ait aucune connaissance, lui a répondu en tremblant que non, pour n’avoir pas la force de porter sa vue plus loin. Mais, c’est une vraie lâcheté, Socrate, et voici ce qu’il en est à cet égard. Lorsque tu examines par manière d’interrogation quelqu’une de mes opinions, si celui que tu interroges est battu en répondant ce que je répondrais moi-même, c’est moi qui suis confondu ; mais s’il dit autre chose, c’est lui qui est vaincu. Et pour entrer en matière, penses-tu qu’on t’accorde que l’on conserve la mémoire des choses que l’on a senties, et que cette mémoire soit de même nature que la sensation qu’on éprouvait et que l’on n’éprouve plus ? Il s’en faut de beaucoup. Penses-tu aussi qu’on hésite à soutenir que le même homme peut savoir et ne point savoir la même chose ? Ou, si l’on redoute cette apparente contradiction, crois-tu qu’on t’accorde que celui qui est devenu différent soit le même qu’il était avant ce changement, ou plutôt que cet homme soit un et non pas plusieurs, et que ces plusieurs ne se multiplient pas à l’infini, puisque le changement se fait sans cesse ; si l’on veut de part