Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/564

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SOCRATE.

Suppose avec moi, pour causer, qu’il y a dans nos âmes des tablettes de cire, plus grandes en celui-ci, plus petites en celui-là, d’une cire plus pure dans l’un, dans l’autre moins, trop dure ou trop molle [191d] en quelques-uns, en d’autres tenant un juste milieu.

THÉÉTÈTE.

Je le suppose.

SOCRATE.

Disons que ces tablettes sont un présent de Mnémosyne mère des Muses, et que tout ce dont nous voulons nous souvenir, entre toutes les choses que nous avons ou vues ou entendues ou pensées de nous-même, nous l’y imprimons comme avec un cachet, tenant toujours ces tablettes prêtes pour recevoir nos sensations et nos réflexions : que nous nous rappelons et savons tout ce qui y a été empreint, tant que l’image en subsiste ; et que lorsqu’elle est effacée, ou qu’il n’a pas été possible qu’elle s’y gravât, nous l’oublions, et nous ne le savons pas.

THÉÉTÈTE.

Soit.

SOCRATE.

Quand donc l’on voit ou l’on entend des choses