Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/576

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sensation avec la pensée ? Je lui dirai qu’oui, ce me semble, m’applaudissant de cela comme d’une belle découverte.

THÉÉTÈTE.

Pour moi, Socrate, il me paraît que la démonstration que nous venons de faire n’est pas mauvaise.

SOCRATE.

Ainsi tu dis, reprendra-t-il, que connaissant un homme par la pensée seulement, et, ne le voyant pas, il est impossible qu’on le prenne pour un cheval qu’on ne voit point, qu’on ne touche point, qu’on ne connaît par aucune autre sensation, mais uniquement par la pensée. Je lui répondrai, je pense, que cela est vrai.

THÉÉTÈTE.

Et avec raison.

SOCRATE.

Mais, poursuivra-t-il, ne suit-il pas de là qu’on ne prendra jamais le nombre onze, qu’on ne connaît que par la pensée, pour le nombre douze, qui n’est pareillement connu que par la pensée ? Allons, réponds à cela, Théétète.

THÉÉTÈTE.

Je répondrai qu’à l’égard des nombres qu’on voit ou qu’on touche, on peut prendre onze pour douze ; mais qu’on ne portera jamais ce