Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/641

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6o  La vivacité du plaisir n’est pas un argument en sa faveur. En effet, les plaisirs les plus vifs sont ceux dont les désirs sont les plus violens ; et la violence des désirs étant relative à celle des besoins, il s’ensuit que les plaisirs les plus vifs se perçoivent ordinairement au milieu des peines les plus vives. Ensuite, les plaisirs les plus vifs appartiennent plus à la vie désordonnée qu’à la vie régulière et tempérante ; car le sage est retenu par la maxime, « Rien de trop », tandis que l’homme déréglé s’abandonne à toutes les extrémités du plaisir et s’y livre jusqu’à en perdre le sens. Les plus grands plaisirs, comme les plus grandes douleurs, sont donc attachés à une mauvaise disposition de l’âme plutôt qu’à une bonne.

7o  Les plaisirs et les peines physiques ou morales sont des composés où l’un et l’autre ingrédient, le plaisir et la peine, entrent à des doses différentes. Souvent les deux élémens sont si intimement confondus et tien-