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PHILÈBE.


par rapport à chacune de ces idées, jusqu’à ce qu’on vît non-seulement que l’unité primitive est une et plusieurs et une infinité, mais encore combien d’espèces elle contient en soi : qu’on ne doit point appliquer à la multitude l’idée de l’infini, avant d’avoir saisi par la pensée tous les nombres déterminés qui sont en elle entre l’infini et l’unité ; et qu’alors seulement on peut laisser chaque individu aller se perdre dans l’infini. Ce sont les dieux qui nous ont donné cet art d’examiner, d’apprendre, et de nous instruire les uns les autres. Mais les sages d’entre les hommes d’aujourd’hui font un à l’aventure, et plusieurs plus tôt ou plus tard qu’il ne faut. Après l’unité, ils passent tout de suite à l’infini, et les nombres intermédiaires leur échappent. Cependant ce sont ces intermédiaires qui distinguent la discussion conforme aux lois de la dialectique, de celle qui n’est que contentieuse.

PROTARQUE.

Il me paraît, Socrate, que je comprends une partie de ce que tu dis ; mais j’aurais besoin, sur certains points, d’une explication plus claire.

SOCRATE.

Ce que j’ai dit, Protarque, est très clair pour les lettres : vois ce qui en est dans les choses qu’on t’a apprises dès l’enfance.