Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/788

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tres maladies semblables, n’ont-ils pas plus soif, plus froid ? n’éprouvent-ils pas à un plus haut degré les autres affections qu’ils ont coutume d’éprouver par l’entremise du corps ? n’ont-ils pas plus de besoins ? et ces besoins satisfaits, ne goûtent-ils pas un plus grand plaisir ? N’avouerons-nous point que la chose est ainsi ?

PROTARQUE.

A merveille.

SOCRATE.

Mais quoi ! trouvons-nous que ce soit bien parler de dire que, si on veut connaître quels sont les plaisirs les plus vifs, ce n’est pas sur l’état de santé qu’il faut porter les regards, mais sur l’état de maladie ? Et garde-toi de penser que je te demande si des malades ont plus de plaisir que ceux qui sont en santé ; mais figure-toi que je cherche la grandeur du plaisir, et où il se trouve d’ordinaire avec plus de véhémence. Car notre but est d’en découvrir la nature, et de savoir ce qu’en pensent ceux qui soutiennent que le plaisir n’a pas d’existence par lui-même.

PROTARQUE.

Je comprends à-peu-près ce que tu veux dire.

SOCRATE.

Tu le montreras encore mieux tout-à-l’heure, lorsque tu répondras, Protarque. Aperçois-tu