Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
CLINIAS.

Non. Ainsi blâme sans scrupule ce que tu trouveras à blâmer dans nos lois ; d’autant plus qu’il n’y a point de déshonneur à reconnaître qu’une chose est défectueuse, et qu’au contraire la censure met en état de réformer les abus celui qui la reçoit sans s’en fâcher, mais avec reconnaissance.

L’ATHÉNIEN.

Fort bien. Je vous déclare au reste que je ne me déterminerai à censurer vos lois, qu’après les avoir examinées avec toute l’attention possible ; ou plutôt je ne ferai que vous proposer mes doutes.

Vous êtes les seuls des Grecs, et des Barbares que nous connaissons, à qui le législateur ait interdit l’usage des divertissements et des plaisirs les plus vifs, tandis que, pour les fatigues, les dangers et la douleur, il a cru, comme nous le disions tout à l’heure, que si dès l’enfance on s’applique à les éviter, lorsque ensuite on y est exposé par nécessité, on fuit devant ceux qui s’y sont exercés et on devient leur esclave. Il me semble néanmoins que la même pensée devait lui venir à l’esprit par rapport aux plaisirs, et qu’il devait se dire à lui-même : Si mes citoyens ne font dès la jeunesse aucun essai des plus grands plaisirs, s’ils ne sont point exercés d’avance à les surmonter quand ils y seront