Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

exposés, en sorte que le penchant qui nous entraîne tous vers la volupté ne les contraigne jamais à commettre aucune action honteuse, il leur arrivera la même chose qu’à ceux que le danger abat ; ils tomberont d’une autre manière et avec plus de honte encore dans l’esclavage de ceux qui seront assez forts pour résister aux plaisirs, de ceux même qui s’en permettent librement la jouissance, et qui quelquefois sont tout-à-fait corrompus : leur âme sera en partie libre et en partie esclave ; ils ne mériteront pas le titre d’hommes vraiment courageux et vraiment libres. Voyez si ce que je dis vous semble raisonnable.

CLINIAS.

La chose nous paraît telle tandis que tu parles ; mais ne conviendrait-il pas à des jeunes gens et à des imprudents plutôt qu’à nous, de te croire sur-le-champ et à la légère, en des matières de cette conséquence ?

L’ATHÉNIEN.

Maintenant, Clinias, et toi étranger de Lacédémone, si nous passons, comme nous nous le sommes proposé, de la force à la tempérance, que trouverons-nous sur ce point, comme tout à l’heure sur la guerre, de mieux réglé dans vos deux États que dans les autres, qui se gouvernent au hasard ?